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Les Métamorphoses d'Ovide en 6ème
Il suffit de demander à votre enfant ce qu’est une métamorphose pour être dans le vif du sujet.
Une métamorphose
- méta-, préfixe tiré de la préposition grecque qui signifie « avec, après » et exprime la participation, la succession, la transformation
- morphè-, racine qui désigne en grec la « forme »
La métamorphose c’est tout simplement la transformation, et le mot a peut-être même été inventé par Ovide lui-même. C’est un mot relativement courant aujourd’hui et on parlera par exemple de la métamorphose de la chenille qui devient papillon.
Ovide s’inspire des poètes grecs et regroupe des légendes présentant les métamorphoses des dieux ou des mortels de la mythologie.
Il est, pour ces textes aussi, fort utile de connaitre les dieux et les déesses. Il s’agit de textes très anciens dont le vocabulaire est parfois difficiles d’accès pour les élèves de 6ème, mais une fois encore, les manuels scolaires ou les éditeurs pour la jeunesse, proposeront des traductions et des extraits accessibles.
Les programmes de 2016 proposent d'étudier ces Métamorphoses dans la thématique du monstre.
Eloignons-nous donc des chenilles devenues papillons pour nous'intéresser aux araignées et à un des premiers loup garou, sans perdre de vue que ces textes sont à l'origine de nombreuses expressions françaises.
Savez vous ce que signifie l’adjectif arachnéen ? ou ce qu’est l’arachnophobie ? Si vous en connaissez le sens, savez-vous d’où vient ce mot ?
Et bien lisez l’histoire de Pallas et Arachné et vous aurez pour ainsi dire tout compris.
Arachné est une jeune fille grecque qui exerce avec talent le métier de tisseuse et réalise des toiles magnifiques. Un jour, elle lance un défi à la déesse Pallas : « Qu'elle rivalise avec moi! » Pallas prend l'aspect d'une vieille femme ; elle applique de faux cheveux blancs sur ses tempes et marche en s'appuyant sur un bâton. Elle dit à Arachné : « La vieillesse n'apporte pas que des malheurs, elle apporte aussi l'expérience. Suis donc mon conseil : ne cherche pas à égaler une déesse et demande pardon pour tes paroles. » Arachné lance un regard farouche et réplique, avec colère, à la déesse qu'elle ne reconnaît pas : « Tu es trop vieille, tu n'as plus toute ta raison. Garde tes discours pour ta fille ou ta belle-fille ; quant à moi, je ne renonce pas au défi que j'ai lancé. Et pourquoi la déesse ne vient-elle pas elle-même ? Pourquoi refuse-t-elle la compétition? ». « Elle est ici! » dit alors Pallas en abandonnant son aspect de vieille femme. Face à la déesse ainsi apparue, Arachné rougit un peu mais persiste dans son intention de lutter avec elle et de remporter la compétition. Pallas ne recule pas, et, sans plus attendre, elle accepte la lutte. [...] La compétition s'engage alors. Pallas et Arachné s'installent chacune à un métier à tisser. Le tissage qu'elles réalisent est magnifique. Celui de Pallas représente le beau côté des dieux : elle montre les douze dieux de l'Olympe dans toute leur majesté. Le tissage d'Arachné montre le mauvais coté des dieux, qui passent leur temps à s'amuser, à séduire, à aimer. Il faut bien le reconnaître, le tissage d'Arachné est le plus beau. Pallas ne peut rien reprocher à l'ouvrage d'Arachné. Poussée par la colère et la jalousie, la déesse déchire alors le tissage où les fautes des dieux étaient retracées en couleurs vives. Tenant encore sa navette à la main, elle se met à frapper Arachné au front, à trois ou quatre reprises. La malheureuse jeune fille ne peut supporter cet affront ; elle noue un lacet autour de sa gorge et se pend. Pallas prend alors pitié d'elle : « Vis, lui dit-elle, mais reste pendue. Je veux que toute ta race soit frappée par le même châtiment. » En s'éloignant, elle répand sur Arachné les sucs d'une herbe magique. Aussitôt, atteints par ce poison funeste , les cheveux de la jeune fille tombent, et avec eux son nez et ses oreilles ; sa tête et son corps se réduisent, de maigres doigts s'attachent à ses flancs à la place des jambes. Il ne reste qu'un gros ventre, d'où Arachné continue à tirer du fil. Et, devenue maintenant araignée, elle s'applique, comme autrefois, à tisser sa toile.
OVIDE, Les Métamorphoses, 1er siècle ap.-JC., adapté par Jean-Jacques Besson.
Voilà, « arachnéen » veut donc dire relatif à l’araignée, c’est-à-dire dont la légèreté, la finesse, fait penser à la toile d’araignée et l’ « arachnophobie » est une phobie spécifique désignant la peur des araignées et d’autres types d'arachnides tels que les scorpions. Et cette famille de mot vient du nom du personnage d’Ovide, Arachné.
La lecture des Métamorphoses permet donc de croiser des figures de monstres, comme Arachné changée en araignée ou l'abominable Lycaon, changé en loup tout en conservant quelques éléments de sa forme humaine.
Mais aussi, et c'est là toute la richesse de ces textes, de s'interroger sur les limites de l'humain: comment un homme peut-il devenir un loup? Comment une femme peut-elle devenir un arbre? C'est l'histoire de Daphné poursuivie par Apollon...