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Des lectures ?

Le Club des incorrigibles optimistes de JM Guenassia

De la guerre froide à la question algérienne en passant par les mutations sociales des années 1960, le tout sur un air de rock entre deux parties d'échecs, Guenassia n'oublie aucune problématique d'époque, construisant un roman d'initiation et une chronique familiale dont les personnages semblent si actuels tout en offrant à son lecteur une vision personnelle d'un Paris que nous partageons avec grand plaisir. Il obtient, et cela va de soi, un brillant et mérité Goncourt des lycéens en 2009.

Le récit s’ouvre sur un enterrement, drôle d'idée mais l'évènement est surtout un lieu de rencontre, comme un nouveau point de départ. Et les premières pages du roman nous conduisent donc en 1980, aux funérailles de Jean Paul Sartre. C’est à cette occasion que Michel Marini, le personnage principal, qui n’est finalement peut-être pas le héros, croise Pavel, réfugié tchèque qu’il n’a pas revu depuis une dizaine d’années. Ces deux là se sont connus à Paris en 1959 lorsque Michel n’avait que 12 ans. Entré de justesse au lycée Henri IV, Michel se passionnait alors moins pour ses études que pour le flipper, le rock, la photo, la littérature ou le babyfoot qu’il pratiquait dans un bistrot de Denfert Rochereau. Mais c’est un autre jeu que le gamin découvre dans l’arrière salle du troquet fréquenté par Sartre et Kessel : les échecs.

Le roman va dès lors se construire sur une deuxième histoire parallèle, celle des membres de cet étrange « club » qui ont en commun d’avoir fui leur pays. Ils s’appellent Léonid, Virgil, Imré, Vladimir, Tibor, et vont devenir les nouveaux compagnons de Michel. Leurs portraits, qui rythment le récit, sont si truculents, pleins de vérité, que l’on s’attache à chacun d’entre eux pour découvrir avec Michel et avec Sacha ce qu’il en coute de choisir l’exil.

« Le plus important dans la Terre promise ce n’est pas la terre, c’est la Promesse ». 

Quand il n’est pas au « Club », Michel mène sa vie de lycéen parisien, dans une famille malmenée par la guerre d’Algérie et par d’anciennes rancœurs. Deux filles vont faire battre son cœur et lui apprendre aussi qu’il peut être dangereux de lire en marchant.

Fontaine medicis

« On avait rendez-vous à la fontaine Médicis pour courir au Luxembourg. J’étais en face du jardin, attendant pour traverser qu’Isabel Archer ait réglé son problème avec Gilbert Osmond. J’ai fini par avancer. J’ai entendu le cri de Cécile :

Les grands romanciers ont souvent remarqué que les femmes ont un besoin impérieux de certitudes. Une longue partie de leurs récits consiste dans l’obtention de la promesse. Elles reviennent à la charge, elles insistent tant et plus, elles en font une affaire de vie et de mort et les hommes finissent par céder.

Cécile m’a gratifié d’un de ses sourires qui me faisaient fondre. Elle m’a embrassé comme si je venais de lui sauver la vie. Elle n’a pas pris la peine de me demander ce que je lisais. On a fait quatre tours du Luxembourg. Elle nous a payé une gaufre à la crème de marron. Les grands romanciers ont constaté que, si les femmes obtiennent des hommes des serments absolus, la plupart du temps, les hommes sont parjures. Les uns et les autres ne leur accordent pas la même valeur. Cette trahison occupe la deuxième partie de l’histoire. Ceux qui se débrouillent bien ont de quoi faire un deuxième tome. Peut-être que la nouveauté dans le roman moderne, miroir de son époque, est d’avoir permis aux femmes de se renier elles aussi, de trahir comme les hommes et de devenir solitaire. » 

De la guerre froide à la question algérienne en passant par les mutations sociales des années 1960, le tout sur un air de rock entre deux parties d'échecs, Guenassia n'oublie aucune problématique d'époque, construisant un roman d'initiation et une chronique familiale dont les personnages semblent si actuels tout en offrant à son lecteur une vision personnelle d'un Paris que nous partageons avec grand plaisir. Il obtient, et cela va de soi, un brillant et mérité Goncourt des lycéens en 2009.