Une grande part de notre perception de l’école est liée à notre perception des profs, d’un prof en particulier, avec qui on peut avoir ressenti une connexion. Il y en a eu plusieurs pour moi.

Celui qui a eu le plus d’impact quand j’étais au lycée était un prof de Français. J’avais 17 ans à Liverpool. Ce prof de Français m’impressionnait, parce qu’à l’époque il y avait une très grande différence entre la Grande Bretagne et le reste de l’Europe. L’Europe était un territoire étranger pour nous. Je me souviens de ma surprise la première fois que je suis venu en France, à quel point la nourriture était bonne ! C’était de la vraie nourriture !
Ce professeur de français nous impressionnait donc d’abord parce qu’il était charmant mais aussi parce qu’il pouvait vraiment parler français ! Beaucoup de professeurs de français à l’époque en Angleterre ne parlaient pas vraiment la langue française … Lui avait même une femme française ! Imaginez ! Et tellement sophistiquée pour nous! Et il fumait des Gitanes ! Et c’était un très bon prof ! Il vivait, respirait ce qu’il enseignait. Beaucoup de profs de langue enseignent comme si leur discipline était un exercice purement académique. Lui nous faisait comprendre que la langue française était vivante, parlée par des vrais gens, avec une culture profonde.

Les profs qui nous touchent le plus sont ceux qui ont une réelle passion pour leur discipline et une réelle aptitude à entrer en relation avec les enfants. Ça doit être les deux, pas l’un ou l’autre. A l’inverse je me souviens d’un prof d’Allemand qui rendait l’apprentissage de la langue allemande aussi amusant que celui de la table périodique des éléments… L’Allemand est d’ailleurs resté pour moi une sorte de punition ! Alors que le Français a été durablement associé à la subtilité et la profondeur de ce professeur.